Entends-tu ?
Entends-tu mourir au point du jour les ombres de la nuit ?
Entends-tu les peurs soucieuses quitter à l'aube les plis rassurants de leurs voiles maudits ?
Entends-tu les pas inquiétants de cet implacable destin
Qui, jour après jour, s'obstine à nous tendre une main
Qui sans cesse se dérobe et s'acharne à fuir vers demain ?
Entends-tu ce cœur qui ourdit en son sein ses plus sourdes douleurs ?
Entends-tu le silence rieur entraîner les peines en d'insondables profondeurs ?
Entends-tu l'écho de nos blessures anciennes, tapies dans l'ombre de notre inconscience,
Prédateurs maléfiques assoupis, guettant patiemment nos plus infimes défaillances ?
Entends-tu l'âme déchirée du dernier enfant-roi qu'on égorge dans cette folle insouciance ?
Entends-tu l'ivresse apaisante des ces angoisses vagabondes,
Noirceurs si douces qu'on s'y laisserait prendre,
Succomber à leurs bras nonchalants, juste le temps pour l'oubli
D'accomplir sa paisible besogne
Et renaître à la vie.